La pelouse n’est pas un espace vert totalement dépouillé de constructions (murs et murets, escaliers) ou d’arbres et de massifs. A moins de vouloir accentuer l’amplitude d’un espace en le limitant à une belle pelouse parfaitement plane, on s’attachera généralement à la parsemer d’arbustes décoratifs, de bosquets, d’arbres, de massifs et de plates-bandes.
Arbres et arbustes
Le choix des arbres (dimensions, formes, couleurs) sera directement fonction de la grandeur et de la nature de la pelouse. Il va de soi qu’on ne plantera pas un cèdre sur un gazon de 300 m2. Un arbre important gagnera à être mis en valeur en étant placé en pleine pelouse. On veillera cependant à ne jamais le planter au milieu du terrain. Il sera souvent situé à un carrefour entre deux allées (fourche) ou dans une courbe de l’allée.
Les arbustes seront l’occasion de former de véritables bosquets, taches de verdure ou de couleurs (feuillage coloré, floraison printanière ou estivale). Leur mise en place devra tenir compte des proportions du jardin et du tracé des allées. On veillera à une répartition harmonieuse des arbustes et des arbres à feuilles caduques et des arbres à feuilles persistantes (conifères par exemple) de façon à ne pas avoir une pelouse chargée de bosquets dégarnis complètement pendant plusieurs mois de l’année.
Murs et murets
Les murs et les murets peuvent avoir une vocation soit utilitaire soit décorative utilitaire s’ils servent uniquement à limiter une propriété ; décorative s’ils ont pour fonction de circonscrire une pelouse, d’accuser un relief, de permettre la constitution d’un jardin de rocaille. Les matériaux utilisés peuvent être très différents, pierre sèche, moellon, pierre de taille, brique, parpaing.
Les murs en pierres sèches sont les plus décoratifs, mais, étant construits sans maçonnerie (par simple empilement des pierres), ils sont aussi les moins résistants. Les murs en moellons offrent un caractère décoratif aussi intéressant et présentent l’avantage d’une plus grande solidité, la maçonnerie étant ici indispensable. Ils imposent généralement une petite fondation, sorte de semelle en béton dont la largeur doit être supérieure à l’épaisseur du mur. Pierres de taille, briques et parpaings relèvent de la maçonnerie et constituent en fait de véritables ouvrages qui demandent un matériel et des connaissances précis. Un ouvrage de cette collection est consacré aux travaux d’aménagement de jardins.
Les murets décoratifs
Des murets n’ayant aucune vocation utilitaire peuvent être construits dans un but purement décoratif et sont alors généralement fleuris. Cette décoration ne concerne que les murets de pierres sèches et de moellons. L’empilement des pierres et le remplissage des joints au moyen de terre végétale permettent de faire pousser des plantes vivaces de rocaille. Pour favoriser leur développement on ménagera par endroits un logement en retirant une pierre, ce qui assurera la croissance des racines de la plante. Corbeille-d’or, aubrietia, campanule, sedum, etc., assureront l’aspect fleuri du muret et concourront ainsi directement au décor paysagé de la pelouse. On ne devra pas oublier d’apporter périodiquement les soins nécessaires à ces plantes, c’est-à-dire surtout d’arroser (en ne détrempant pas cependant le muret, car cela risquerait de disjoindre les pierres maintenues par la terre). L’arrosage se fera donc pied par pied, au moyen d’un arrosoir à bec fin. À l’automne, vous procéderez au nettoyage des pieds en ôtant les hampes florales fanées et les feuilles séchées. Un terreautage accompagné d’un apport d’engrais sera alors le bienvenu.
Les murets en moellons peuvent également être décorés de plantes vivaces ; il faut simplement, en cours de maçonnerie, ménager des logements qui seront ensuite remplis de terre pour accueillir les plantes. Il faudra prévoir un système d’écoulement pour éviter les rétentions d’eau qui, dans de nombreux cas, favorisent le pourrissement des racines.
Les murets de soutènement
Des murets sont parfois nécessaires pour soutenir la terre lors d’une forte dénivellation entre, par exemple, la pelouse et une allée ou la pelouse et un fossé. Suivant l’importance de la dénivellation, le muret sera en pierres sèches ou maçonné. Si la pente est vraiment très forte, plusieurs murets pourront être construits parallèlement, donnant ainsi lieu à la création d’un jardin en terrasse.
Un muret de soutènement peut également avoir pour fonction de créer un relief, en extrémité de pelouse par exemple. Le muret placé alors en arrière-plan sert à l’édification d’un talus qui sera l’occasion de créer un jardin de rocaille. Si le muret n’est pas visible de l’arrière, on peut se limiter à la construction d’un mur en parpaings agglomérés, sinon on réalise un muret décoratif fleuri, suite logique de la rocaille qu’il peut soutenir.
Dans tous les cas de murets décoratifs, on portera une attention particulière au choix des pierres qui, pour former une belle image, devront être irrégulières, agréablement colorées, mais surtout franches et non gélives pour ne pas s’effriter au cours des mois d’hiver.
Les escaliers
Sitôt qu’une dénivellation a une pente supérieure à 10 pour 100, il est nécessaire de réaliser un escalier. Pour les faibles pentes, il s’agira de simples gradines, longues marches de très faible amplitude dont la longueur doit en principe permettre deux pas. Ces marches sont en général simplement creusées dans la terre et limitées par des rondins ou des planches faisant office de contremarches. Le bois doit dans tous les cas être traité au moyen de produits spécialisés ou par trempage dans de l’huile de vidange comme nous l’avons indiqué pour la protection des parties enterrées des poteaux de clôture.
S’agissant du passage d’une dénivellation plus importante (d’un talus par exemple), on aura recours à un véritable escalier. La solution la plus décorative (voir photos) consiste en un escalier de dalles (schiste par exemple), l’idéal étant de trouver des dalles suffisamment grandes pour former une marche à elles seules. Il suffit alors de faire reposer ces dalles sur de petits parpaings posés à plat, les côtés de l’escalier étant constitués d’un muret décoratif en moellons.
Si la pente est très importante, on doit réaliser un escalier en pierre dont les marches auront une profondeur de l’ordre de quarante centimètres et une hauteur d’une quinzaine de centimètres. On aura ici très souvent recours au béton, l’ouvrage étant ensuite plaqué avec de la pierre ou du marbre tranché, que l’on trouve dans le commerce.
Le décor floral de la pelouse
Bien qu’il ne soit pas à propos ici d’étudier la façon de fleurir les jardins, il convient d’évoquer les rapports entre le décor floral et la pelouse.
Les plates-bandes qui limitent les pelouses sont généralement le fait des jardins réguliers aux formes rigoureuses. Parfois situées dans la pelouse, elles se transforment alors en rectangles ou en carrés. Elles ont en commun une forme géométrique quadrangulaire ; lorsqu’elles sont en pleine pelouse, elles ne dépassent guère le niveau de surface du gazon.
L’implantation des fleurs y est généralement homogène, de façon à former de véritables bandes de couleur.
Les massifs sont en principe situés en pleine pelouse. Ils permettent la constitution de formes plus libres donnant d’intéressantes taches de couleur dans la pelouse, la répartition des fleurs étant ici plus souple et irrégulière. Les massifs viennent alors souvent en relief, leur constitution impliquant un labour partiel et un apport de terre végétale. Formant donc des taches naturelles, les massifs seront souvent plantés de végétaux vivaces et de plantes bulbeuses. Les fleurs saisonnières y auront également leur place ; on veillera ici à repiquer serré de façon à obtenir des taches de couleur très dense. On évitera également la multiplication des espèces et des variétés au sein d’un même massif, afin de ne pas aboutir à une confusion entre les différentes couleurs.
On notera que la mosaiculture, très pratiquée au xixe siècle, ne fait plus partie aujourd’hui du décor floral des jardins particuliers ; elle est désormais réservée au jardin de ville, du fait notamment de l’entretien constant qu’imposent des motifs parfaitement géométriques accolés les uns aux autres.
Quelques notions de paysagisme
Un jardin paysagé est constitué d’une association de plantes sélectionnées en vue d’obtenir un paysage structuré restant très proche, cependant, des formes que l’on trouve dans la nature.
C’est donc l’opposé du jardin à la française, où plates-bandes et pelouses, séparées par des allées régulières, suivent un tracé symétrique.
Dans un jardin paysagé, la pelouse est l’élément de base, sur lequel viendront prendre place arbres, massifs et bosquets.
Le dessin
La création d’un jardin paysagé passe par l’exécution d’un dessin qui doit reprendre un certain nombre de signes conventionnels (voir ci-contre). Ce dessin devra être clair et précis, une échelle suffisante (1/50e ou 1/100e) assurant une bonne lisibilité. Plusieurs ébauches pourront être nécessaires pour aboutir au projet définitif.
La préservation du site
La meilleure façon pour réussir parfaitement un jardin paysagé est encore de respecter le plus possible le site existant, en tirant le meilleur parti des arbres (qui ont mis parfois des dizaines d’années à pousser et qu’il ne faut pas sacrifier à la légère) et du relief.
Les arbres existants, s’ils méritent d’être conservés, devront être mis en valeur soit par une taille de formation appropriée (recépage), soit par le passage d’allées ou la disposition de massifs à leur pied. Le relief de la pelouse devra suivre celui du terrain, et en aucun cas le contrarier ou l’exagérer. Une légère cuvette centrale présentera l’avantage de donner de l’ampleur à la pelouse.
Les contours de la pelouse gagneront eux aussi à n’être pas trop réguliers, les courbes étant ici aussi très appréciées. Dans le cas d’une bordure forestière, on s’efforcera de planter sous les arbres un gazon acceptant l’ombre afin d’éviter une rupture brutale entre la pelouse et la partie de sous-bois. Cette zone gagnera à être parsemée de plantes bulbeuses qui la coloreront au printemps et en automne (narcisses, jonquilles, perce-neige, crocus).
Le choix des graines prend ici une importance particulière car il conditionne l’intégration de la pelouse à son site.
La correction du relief
C’est une opération toujours délicate, qui devra être menée avec discernement, car elle impose un certain nombre de travaux dont l’importance ne doit pas vous échapper. Les terrassements et apports de terre destinés à modifier le relief imposent de charrier des quantités de terre parfois considérables (d’où la nécessité d’un matériel approprié). Dans tous les cas vous devrez établir un plan en coupe qui vous donnera le relief exact que vous obtiendrez, ainsi que celui existant. Les plus sérieux établiront sur le plan général d’aménagement du jardin des courbes de niveau qui vous aideront beaucoup dans ce travail. Le temps passé est ici un investissement à long terme, comme vous le constaterez lorsque vous vous servirez de ce plan, de nombreuses années plus tard.
Les plantations
Il s’agit là de la correction de la couverture végétale du terrain qui doit être fonction d’impératifs décrits plus haut (taille définitive de l’arbre proportionnée aux dimensions du terrain, associations de couleurs, etc.). Mais ces plantations devront aussi tenir compte des besoins de la tonte, et donc ne pas entraver le passage des machines. Il y va tant de l’aspect de la pelouse lui-même (qui ne peut être satisfaisant que si la tonte est ordonnée et régulière) que du temps que vous devrez consacrer à son entretien.
Dans la plupart des cas, vous ne devrez planter que de septembre à mars (hors des périodes de gel). Les conteneurs dans lesquels les arbres sont généralement livrés aujourd’hui permettent une mise en place d’attente en pleine pelouse.