Avant, et jusqu’après la seconde guerre mondiale, les jardiniers et les paysans élevaient leurs graines eux-mêmes.
Les caractéristiques de chaque espèce étaient gravées dans les mémoires et chaque famille se passait les informations de génération en génération. C’est ainsi que nous avions de bonnes variétés locales de tomates, de laitues, de haricots et de fleurs les plus diverses. Puis lentement mais sûrement, les marchands de graines locaux ont proposé aux cultivateurs des graines aux variétés mieux sélectionnées et surtout beaucoup plus homogènes. La disparition des grainiers locaux a engendré une nouvelle ère de production des semences. Actuellement de grandes firmes cultivent les graines pour toute l’Europe et peut-être pour l’ensemble de la planète. Les variétés locales disparaissent et sont remplacées par des cultivars standards. Vous trouverez partout la même laitue pommée, et le même assortiment de tagètes.
Le développement de la science pousse les grainiers à utiliser des techniques toujours plus perfectionnées à l’aide d’ordinateurs puissant leur permettant d’obtenir à coup sûr des plantes aux caractéristiques les plus agréables ou les meilleures.
Où vont, dans ce contexte, la culture traditionnelle et les goûts de terroir. J’ai entendu la semaine dernière parler de tomates de Bourgogne cela m’a fait un bien extraordinaire car imaginer que des jardiniers amateurs peuvent encore croquer un légume bien de chez eux prouvent qu’un nombre certainement important de variétés locales sont encore en culture. Depuis quelques années déjà, nos amis Français ont entrepris le recensement de tout ce patrimoine. En Suisse les Stations Fédérales de recherches agronomiques ont aussi fait des efforts dans ce domaine; il faut poursuivre ce travail et surtout remettre à disposition des cultivateurs intéressés des lots de graines de variétés anciennes afin que nous n’en perdions pas le goût.
Il faut que vous tous qui êtes intéressés repreniez le plaisir d’élever vous-même vos graines. Ce n’est pas difficile simplement un peu long. A défaut de semence de base, vous devez vous procurer un sachet de graines de légumes ou de fleurs qui ne soit pas un F1 (Hybride de première génération). Dès la levée, vous aurez à l’esprit que vous garderez de côté, pour les mener jusqu’à la graine, les plantes qui ont à vos yeux les caractéristiques que vous attendez de la plante. Germination rapide, résistance aux maladies, précocité des fleurs ou de l’apparition du légume, couleurs, forme de la plante sont des caractères important. En sélectionnant à partir d’une dizaine de plantons, vous aurez en fin de culture une plante apte à être laissée pour graine. Ce travail fort intéressant, de longue haleine, ne doit pas vous empêcher soit de consommer en légume les plants non sélectionnés ou de garnir vos massifs avec les fleurs qui ne correspondent pas tout à fait aux caractères recherchés. Dans la pratique, l’obtenteur marque d’un petit piquet les plantes présélectionnées pour finalement n’en garder qu’une. Commencez votre métier de sélectionneur avec des plantes faciles comme le persil, la côte de bettes, la laitue de Morges ou encore avec des tagètes, du pourpier, des pensées ou des impatiens. Lorsque vous serez familiarisé avec la technique de production de graines par sélection, vous pourrez vous lancer dans la technique plus complexe de production par hybridation.